Le dire révélé
L’ultime référence archétypique est donc le dire révélé, modèle de toute création, plan de toute créativité, et paradigme avant tout de la présence ici-bas de l’absolue transcendance. Ce n’est pas par hasard si la tradition iconographique de l’Annonciation représente toujours Marie comme lisant la prophétie d’Isaïe dans le Livre ouvert (Et virgo concipit…) à l’instant fulgurant du Kérygme. Le « Livre » révélé à travers Pentateuque, Bible, Évangiles et Qoran est bien le prototype de toute médiation et de toute orientation christique, il est le Monde intermédiaire par excellence. C’est le Livre – la christologie docétiste de l’islam souligne la dénomination de Logos ou de Verbe – qui est le recueil archétypique premier et dernier – alpha et oméga – pour l’instauration, ou la restauration, de l’Homme primordial, Adam Kadmon ou Insân al-Kamil, peu importe.
Henry Corbin, Face de Dieu, face de l’homme. Herméneutique et soufisme, Paris, Entrelacs, 2008, p.18.