Paysage avec deux tombes et un chien assyrien

Ami, 

lève-toi pour entendre hurler 

le chien assyrien. 

Les trois nymphes du cancer ont dansé, 

mon fils. 

Elles ont apporté des montagnes de cire rouge 

et des draps durs où le cancer était endormi. 

Le cheval avait un œil dans le cou 

et la lune était dans un ciel si froid 

qu’elle dut déchirer son mont de Vénus, 

étouffer dans le sang et la cendre les cimetières anciens. 

Ami, 

réveille-toi : les montagnes ne respirent pas encore 

et les herbes de mon cœur sont en un autre lieu. 

N’importe que tu sois plein d’eau de mer.

Federico Garcia Lorca, Poète à New-York suivi de Chant funèbre pour I.S Mejías et de Divan du Tamarit, trad. A. Belamich, P. Darmangeat, C. Couffon, B. Sesé,  B. Lortholary, Paris, Gallimard, « NRF », 1954.

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