Première poésie verticale 

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Je ne sais si tout est dieu.

Je ne sais si quelque chose est dieu.

Mais toute parole nomme dieu : soulier, grève, cœur, autobus.

Et davantage

autobus incendié,

soulier vieux,

grève générale,

cœur près des ruines.

Et plus encore

autobus sans homme,

soulier sans semelle,

grève générale des morts,

cœur dans les ruines de l’air.

Et plus encore

autobus immobile pour dieux,

soulier pour marcher sur les paroles,

grève des morts aux vêtements usés,

cœur au sang de ruine.

Et davantage.

Mais il n’importe.

J’ai déjà cessé de prier.

Je vais chercher maintenant le dos de dieu. 

Roberto Juarroz, Poésies verticales, « Première poésie verticale », trad. Fernand Verhesen, Gallimard, coll. « nrf », 2021, p.37.

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