Haschich à Marseille
Voici que se font valoir les exigences temporelles et spatiales propres au consommateur de hachisch. Elles sont, c’est bien connu, absolument royales. Versailles, pour qui a pris du hachisch n’est pas trop grand, ni l’éternité trop longue. Et, sur fond de cette expérience intérieure aux dimensions immenses, de la durée absolue et de l’espace démesuré, un humour merveilleux, bienheureux, s’attache d’autant plus volontiers aux contingences du monde spatio-temporel. J’éprouve infiniment cet humour au restaurant Basso, lorsque j’apprends, à l’instant même où je m’y attable pour l’éternité, qu’on est sur le point d’éteindre les fourneaux.
Walter Benjamin, Œuvres II, « Haschich à Marseille », trad. Maurice de Gandillac, Reiner Rochlitz, Pierre Rusch, Paris, Gallimard, coll. « folio essais »,p.50.