La télé

— Alors, tu viens ? dit Bertrande.

— Quelle barbe, dit Yoland, Quelle corvée.

— Tu ne m’as pas épousée rien que pour le plaisir. Allez, ouste, en route !

— Ta sœur, je veux bien la voir, mais ton père, tu sais…

— Je sais quoi ?

— Rien. Suffit.

— J’espère bien.

— Je m’entends.

— Tu es bien le seul, j’espère. Et viens ici que je t’arrange ta cravate. Tu ne seras jamais fichu de faire un nœud convenable.

— Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.

Ils ont rendez-vous avec Sigismonde et Lucet.

— Tiens, dit Sigismonde, vous avez une nouvelle houature ?

— Ce n’est pas la peine de le faire remarquer, dit Lucet, ça se voit.

— Vous montez ? dit Yoland.

            — On prend la nôtre, dit Lucet.

            — Tiens, dit Bertrande, vous aussi vous avez une nouvelle houature ?

            — Ça n’a rien d’extraordinaire, dit Yoland. Tout le monde a toujours de nouvelles houatures.

            — Surtout, vous allez pas faire la course, dit Sigismonde.

            Non, ils ne font pas la course, mais ils arrivent à peu près en même temps devant l’Arche. Cidrolin est en train de repeindre la clôture le long du quai.

            Lamélie attend sur la péniche ; elle a préparé l’essence de fenouil, l’eau plate et les verres. Les femmes descendent le talus. Les deux hommes s’attardent pour regarder Cidrolin donner quelques ultimes coups de pinceau ; ils le regardent d’un air connaisseur, en silence.

            — Du travail bien fait, finit par dire Lucet.

            — De la belle ouvrage, dit Yoland.

            — Et la péniche, demande Lucet à Cidrolin, vous allez la repeindre ?

            — L’année prochaine, répond Cidrolin. Tous les deux ans. Elle a été repeinte l’année dernière. Là, ça y est.

Il prend le pot de peinture et descend le talus.

            — Vous cassez pas la gueule, conseille-t-il.

            Sur la passerelle, il dit :

            — Attention de ne pas vous foutre dans la flotte.

            Leur verre d’essence de fenouil les attend ; les femmes sont en train de parler de la tévé.

            — Tu devrais t’en faire acheter une, dit Bertrande à Lamélie. Qu’est-ce que tu peux fabriquer le soir ? Tu dois t’emmerder.

            — Je patiente, dit Lamélie. Je ne resterai pas toujours ici.

            — Qu’est-ce que tu feras ?

            — « Je me marierai, pardine !

            — Tu as quelqu’un en vue ?

            — Ah voilà.

            Elle minaude.

            — Vous vous embêterez quand elle ne sera plus là, dit Lucet à Cidrolin.

            — Oh, moi, vous savez. Pour que je m’embête, il en faut beaucoup.

            — Il trouve toujours quelque chose à ne rien faire, dit Lamélie. Il sait très bien ne pas s’occuper.

            — On le connaît aussi bien que toi, disent en chœur Sigismonde et Bertrande.

            — Bien sûr, dit Cidrolin, j’aimerais mieux qu’elle reste, mais il faut qu’elle ait une vie à elle, cette petite, c’est normal.

— C’est normal, dit Bertrande.

            — C’est normal, dit Sigismonde.

            — Alors, tu as quelqu’un en vue ? dit Bertrande.

            — Ah voilà, dit Lamélie.

            Elle minaude.

            — C’est vrai, dit tout à coup Lucet, pourquoi que vous avez pas la tévé ? Ça distrait.

            — Ça instruit même, dit Yoland.

            — Alors, Lamélie, dit Cidrolin, en attendant de te marier, veux-tu te distraire ou t’instruire ?

            — Non, papa, ce que je veux, c’est baiser.

            — À la tévé on ne baise guère, remarqua Lucet.

            — On ne baise même pas du tout, dit Yoland.

            — Vous êtes bêtes, dit Bertrande, c’est parce qu’il y a les mômes qui regardent.

            — Les tiens, demande Sigismonde, tu les laisseras regarder tant qu’ils voudront ?

            — Rien que ce qui est instructif, répond Yoland. Surtout les actualités. Ça leur apprendra l’histoire de France, l’histoire universelle même.

            — Comment ça ? dit Lucet.

            — Eh bien oui, les actualités d’aujourd’hui, c’est l’histoire de demain. C’est ça de moins qu’ils auront à apprendre à l’école, puisqu’ils la connaîtront déjà.

            — Là, mon vieux, tu déconnes, dit Lucet. L’histoire ça n’a jamais été les actualités et les actualités c’est pas l’histoire. Faut pas confondre.

            — Mais si, justement ! au contraire !! faut confondre !!! Regarde un peu voir. Suppose que tu es devant la tévé, tu vois, je dis bien et je répète : tu vois, Lucien Bonaparte qui agite sa sonnette, son frère dans un coin, les députés qui gueulent, les grenadiers qui se ramènent, enfin quoi tu assistes au dix-neuf brumaire. Après ça, tu vas te coucher, tu dors pendant cent ans et puis tu te réveilles ; alors, à ce moment-là, le dix-neuf brumaire c’est devenu de l’histoire et tu n’as pas besoin de regarder dans les livres pour savoir cexé.

— C’est idiot, dit Sigismonde, il n’y avait pas la tévé dans ce temps-là.

            — Mettons, dit Yoland ; mais regarde alors les actualités au cinéma ; des fois on t’en repasse des vieilles. Tu vois alors le tsar Nicolas qui serre la main de Poincaré, les taxis de la Marne, Guillaume II, le Kronprinz, Verdun : c’est pas de l’histoire, ça ? Pourtant ça a été des actualités.

— Ça reste des actualités, dit Lucet. À preuve, c’est que tu les vois dans un cinéma et qu’on te prévient : c’est des actualités.

— C’est idiot, dit Yoland. Alors l’histoire pour toi, qu’est-ce que c’est ?

            — C’est quand c’est écrit.

            — Ça c’est vrai, dit Bertrande.

            — Il a raison, dit Sigismonde.

            — Il a cent fois raison, dit Lamélie.

            Yoland tape sur la table.

            — Faites attention de ne pas renverser l’essence de fenouil, dit Cidrolin.

            Yoland tape sur la table en faisant attention de ne pas renverser l’essence de fenouil. Il joint au geste la parole :

            — Faut-il que vous soyez cons, tout de même, pour ne pas comprendre ce que je veux dire.

— On a très bien compris, dit Bertrande, mais c’est idiot.

            — Réfléchis cinq minutes, voyons. Un jour, y a eu des gens qu’ont signé un armistice, en mil neuf cent dix-huit par exemple…

            — Mettons.

— … on a filmé ça. Ce jour-là, c’était les actualités et puis, après, maintenant par exemple, c’est devenu de l’histoire. C’est clair, non ?

            — Non, dit Lucet. Ça ne tient pas debout. Parce que tes actualités, tu les vois pas en même temps que la chose se passe. Tu les vois quelquefois huit jours, quinze jours après. T’as même des cinémas de quartier qui te passent le Tour de France au mois de novembre. Alors, dans ces conditions-là, à quel moment ça devient de l’histoire ?

— Tout de suite ! Illico presto subito ! la tévé c’est de l’actualité qui se congèle en histoire. Aussitôt fait, aussitôt dit.

            — Et quand il y avait pas la tévé, dit Sigismonde, alors y avait pas d’histoire ?

            — Tu vois, dit Lucet, tu n’as rien à répondre à ça.

            — Reprenez donc un peu de cette essence de fenouil, dit Cidrolin.

            — Et toi, papa, dit Lamélie, qu’est-ce que tu en penses ?

            — Moi, je n’ai pas la tévé.

            — On le sait, on le sait, dit Bertrande, puisqu’on explique à Lamélie que tu devrais lui en offrir une pour qu’elle s’emmerde moins.

            — Oui, mais, dit Cidrolin, puisque tout ce à quoi elle pense, c’est à baiser.

            — À la tévé, dit Lucet, on ne baise guère.

            — On ne baise même pas du tout, dit Yoland.

            — Vous êtes bêtes, dit Bertrande, c’est parce qu’il y a des mômes qui regardent.

            — Les tiens, demande Sigismonde, tu les laisseras regarder tant qu’ils voudront ?

            — Rien que ce qui est instructif, dit Yoland. Surtout les actualités. Ça leur apprendra l’histoire de France, l’histoire universelle même.

            — Comment ça ? dit Lucet.

            — Eh bien oui, les actualités d’aujourd’hui, c’est l’histoire de demain. C’est ça de moins qu’ils auront à apprendre à l’école puisqu’ils le connaîtront déjà.

            — C’est marrant, dit Cidrolin. Il me semble que ça recommence, que j’ai déjà entendu tout ça autre part.

— Pourtant, dit Lucet, ce qu’on dit c’est pas si fréquent. Ça n’a pas dû vous arriver souvent d’entendre des propos d’une si haute tenue philosophique et morale.

            — Surtout dans le milieu où vous venez de vivre, dit Yoland.

            Bertrande lui flanque un coup de pied dans les tibias.

            — Aïe, dit Yoland.

            — Vous souffrîtes ? demande Cidrolin.

            — La brute, dit Yoland.

            — Enfin, bref, dit Cidrolin, je suis bien content de vous avoir vus. Vous êtes bien aimables avec moi.

            — Tu nous fiches à la porte ? dit Bertrande.

            — Ça en a tout l’air, dit Sigismonde.

            — Pas du tout, dit Cidrolin, seulement voilà, quand ça se met à tourner en rond, que je me demande où je vais basculer, il vaut mieux que ça s’arrête tout de suite, je perdrais les pédales, j’arriverais dans les temps anciens, ou futurs on ne sait pas, ou bien nulle part encore, des trucs à vous foutre une trouille épouvantable.

— Si, dit Yoland à Lucet, on se cotisait pour lui offrir une tévé pour son anniversaire, ça empêcherait son cerveau de ruminer.

            — On verra, dit Lamélie. Pour le moment le mieux c’est de lui laisser faire sa sieste : c’est encore son meilleur cinéma.

            Des céhéresses, il ne restait plus que des tombes en ruine que rongeait la mousse ; on les avait bien oubliés, les céhéresses morts au combat du temps du roi Louis neuvième du nom. Le duc d’Auge ouvrit l’œil et se souvint que l’abbé Biroton devait répondre à une certaine troisième question et qu’il n’en avait rien fait. Ouvrant son second et dernier œil, le duc d’Auge n’aperçut dans son champ visuel aucun abbé Biroton.

— Ah le frocard, le pendard, le flemmard, grogna le duc. Je parierais bien qu’il est parti pour le concile de Bâle, à moins que ce ne soit pour celui de Ferrare ou de Florence, on ne s’y reconnaît plus. En tout cas, me voilà bien dépité.

Il se lève et se pointe sur la plate-forme du donjon de son châtiau pour y considérer un tantinet soit peu la situation historique. Aucun Godon n’était en vue, aucun homme d’arme de quelque bord ou nation que ce fût. C’était même plutôt désert. Quelques manants, çà et là, grattaient le sol misérable, mais ils comptaient peu dans le paysage, à peine perceptibles.

Le duc regarda ce spectacle d’un œil morne et soupira ; puis il descendit vers les cuisines afin d’y dévorer au passage un ragoût d’alouettes, rien que pour s’aiguiser les dents. Quelques marmitons qui ne l’avaient pas aperçu reçurent de solides coups de savate qui les envoyèrent choir à droite et à gauche. Le queux, connaissant les goûts du seigneur, s’empressa de lui apporter le ragoût convoité. Le duc se régale, broie les os, lèche ses douas, vide des pintes. Il s’épanouit. Il sourit.

— Tout cela est délicieux, déclare-t-il, mais ne vaut point un petit enfant de cinq ans rôti à la broche.

Il s’esclaffe.

— Messire, messire, dit le queux, je vous supplie humblement de ne point plaisanter avec de pareilles horreurs.

— Je ne plaisante pas, je parle sérieusement.

            — Alors, messire, plaisantez plutôt.

            — Qu’est-ce que tu veux à la fin, maître queux ? Que je plaisante ou que je parle sérieusement ?

            — Messire, je crois qu’il vaut mieux ne pas aborder ce sujet de conversation : les ogres n’ont point bonne renommée par les temps qui courent.

            Surtout les ogres bougres.

            — Tu sais bien que je ne mange pas de cette viande-là ! Ogre ne daigne, bougre ne veut, Auge suis.

            — Messire, nul n’ignore que vous avez de coupables indulgences…

            — Eh quoi ! me reprocherais-tu ma fidélité à mon bon vieux compagnon d’armes, le noble seigneur Gilles de Rais ?

            — C’est-à-dire…

            — Eh quoi ! j’aurais, pour la cause de notre roi, pourfendu tant de Godons en sa compagnie sous le commandement de Jehanne la Pucelle et je le laisserais tomber maintenant qu’il est dans le pétrin ? Non, non et non ! Ce ne serait point noble.

            — On dit que c’est un bien grand criminel.

            — Des potins de commère ! Ce sont là contes faits pour médire des nobles seigneurs de son genre ou du mien. Ce Charles septième du nom, maintenant qu’il a à peu près gagné la guerre de Cent Ans, et cela fait même un peu plus de cent ans qu’elle dure, et remarque au passage que nos bons rois, si malins qu’ils soient, ils en mettent du temps pour gagner une guerre, bref que disais-je ? oui maintenant que s’accélère la déconfiture des Godons, avec ces pas pressés de Capétiens, il n’y en a peut-être plus que pour une quinzaine d’années, oui, maintenant que notre roi n’a plus tellement besoin de nous pour achever l’expulsion des Anglais, je m’attends à ce qu’il prenne des mesures antiféodales pour nous rogner les ongles et nous mettre au pas. Je m’en méfie comme du diable.

— Hou hou, messire, n’invoquez point cette vilaine bête.

— Ce procès de notre bon ami Gilles annonce des mesures antiféodales et sournoises pour nous rogner les ongles et nous mettre au pas.

— Messire, vous vous répétez.

— D’abord, ce n’est pas tout à fait exact : j’ai ajouté un adjectif et ensuite apprends, épaisse brute, que la répétition est l’une des plus odoriférantes fleurs de la rhétorique.

— J’en douterais volontiers, messire, si je n’avais grand’peur de vos coups.

Provoqué de cette sorte, le duc se lève, prend une escabelle et la brise sur le dos du cuisinier.

— Messire, messire, dit le maître queux, je vous supplie humblement d’avoir la suprême bonté de ne plus discuter à bâtons rompus.

— Tiens, tu me dégoûtes et tu me donnes faim. Apporte-moi quelques confitures sèches pour me dégraisser les dents.

Le duc dévore ses confitures, puis revient à ses moutons :

— Alors, maître queux, tu trouves cela bien, toi, de faire passer en justice un maréchal de France ?

— Messire, c’est à coup sûr très mal et très vilain.

            — On lui cherche des noises à ce cher ami. Mettons qu’il ait violé une dizaine de petits garçons et qu’il en ait zigouillé trois ou quatre, il n’y a tout de même pas là de quoi fouetter un maréchal de France, et surtout un compagnon de combat de notre bonne Lorraine qu’Anglais brûlèrent à Rouen.

— Messire, on dit qu’il y en a mille et trois.

            — Mille et trois quoi ?

            — Petits enfants torturés, égorgés, bouffés par ce vilain ladre de maréchal. C’est affreux, tout de même, c’est affreux.

Le cuisinier pleurait comme un veau. Le duc le regardait moins furieux qu’étonné.

— Ne lirais-tu point, par chance, les romans de la Table Ronde ? lui demanda-t-il avec douceur.

— Messire, je ne sais point lire.

            — Alors, peut-être s’est-il insinué dans le conduit de ton oreille quelque complainte inventée par un trouvère de basse extrace ?

            — Voilà, messire ! voilà : c’est un trouvère qui a corrompu mon âme avec une chanson vengeresse qui demandait justice au très chrétien roi de France pour les pauvres parents dont ce bougre de maréchal a occis les mômes.

— Quelle époque, dit le duc d’Auge avec un soupir. Quelle époque ! Eh bien, moi, tel que tu me vois, je vais de ce pas, ou plutôt de celui de mon cheval, ce bon Démo, je vais, dis-je, trouver notre sage roi Charles, le septième du nom, pour lui demander la liberté grande et entière de Gilles, maréchal de Rais, délivrance immédiate et, de plus, châtiment de tous ces légistes, gieres latinisants et marauds de droit romain qui s’avisent d’embrener un bon soldat comme mouches merdeuses un noble coursier, et même un soldat victorieux, ce qui est rare. Holà ! où est mon écuyer Mouscaillot ? qu’il se prépare et selle mon bon Démo !

Lors donc sella Sthène Mouscaillot et voilà le duc parti pour la ville capitale, accompagné du ménin monté sur Stèphe. Le duc se sentait d’humeur causante.

— Viens là donc auprès de moi, Mouscaillot, que je te dise la raison de notre voyage.

Mouscaillot fit trotter son cheval au même niveau que celui de son seigneur, mais en essayant de maintenir entre eux la distance qu’il jugeait nécessaire pour éviter une baffe subite.

— Approche, approche donc, disait le duc.

— J’approche, messire, j’approche.

            — Approche donc, nigaud, dit Sthène, tu vois bien que notre duc est asteure de bonne composition.

            — Voilà qui est bien vrai, dit le duc. Approche donc !

Mouscaillot dut donc se mettre éperon contre éperon.

— Sais-tu, mon ami, lui demanda le duc, pourquoi je me rends ainsi dans la ville capitale ?

            — Je ne sais.

            — Devine !

            — Pour y prendre un bain ?

            — J’en profiterai peut-être. Cherche autre chose.

            — Pour y voir putes et jaëls ?

            — J’en profiterai peut-être. Cherche autre chose.

            — Pour aller admirer le beau porche flamboyant de Saint-Germain l’Auxerrois, porche que vient d’achever maître Jehan Gaussel ?

            — J’en profiterai peut-être. Cherche autre chose.

            — C’est inutile, dit Sthène, il ne trouvera jamais et vous finirez par le battre. D’ailleurs ne le voulez-vous point surprendre ?

            — Tu es un sage dada. Écoute bien, Mouscaillot : je vais trouver le roi de France pour lui demander justice pour mon compagnon d’armes Gilles de Rais, maréchal de France.

            — Quoi ! de ce vilain bougre ?

            Mouscaillot va rouler dans la poussière.

            Stèphe s’arrête.

            Sthène demande au duc.

            — Je m’arrête aussi ?

            — Continue ! il nous rattrapera bien. Ce petit me déçoit et je n’ai plus envie de faire la conversation.

            — Alors, je peux chanter ?

            — Si tu veux, mon bon Démo.

            Sthène se mit alors à dégoiser son répertoire à tue-tête. Il en était à un rondeau que Charles d’Orléans s’apprêtait à écrire : Hyver, vous n’êtes qu’un vilain, lorsqu’ils arrivèrent en vue de la porte d’une ville fortifiée que gardaient des borgeois en armes. Prudemment, Stènnstu et c’est en silence que s’acheva l’étape.

Raymond Queneau, Les Fleurs bleues, Paris, Gallimard, coll. « Folio », p.61-72.

Suggestions