Je me marie ce matin

« je me marie ce matin… je ne veux pas que mes beaux-parents me voient bander pour leur fille… travaille-moi, mon cœur.. » ; Wazzag tire une bouffée à la cigarette prise aux lèvres du dattier ; se met nu ; il déshabille le dattier secoué par un menu rire qui libère : le parfum de sa bouche, quelques gouttelettes à l’extrémité de son gland ; Wazzag se place derrière le dattier, flaire les épaules, la nuque, surchauffées, embaumées dans la station suspendue au cœur auroral des panaches balancés de la palmeraie, frotte son sexe à ses reins, riant, l’encule ; sans l’étreindre, : il tient à deux mains la racine de son sexe, cambre les reins ; ses boucles d’oreilles tintent ; la sueur luit sur le duvet durcissant de ses lèvres ; l’orgasme tire les boucles de sa toison bleutée, la peau du pubis tendue, rosée dans le sommeil, dessus les muscles, les os bleutés, vers le cul du dattier ; la sueur roule le long du pli horizontal de la fesse cambrée ; Wazzag, à chaque nouvel orgasme, secoue sa lourde chevelure ; le foutre avance sur sa cuisse ; le dattier, courbé sur le comptoir, ferme ses yeux voilés, sa langue sort mouchetée d’entre ses lèvres ; son sexe durcit contre le zinc ; au cinquième orgasme, Wazzag, incliné sur la croupe du dattier, lui baise la joue ; éructant, d’un coup de reins, se détache du corps ; il passe sa main fripée sur sa nuque où la sueur refroidit ; son sexe pend, ramolli arqué ; Wazzag se pousse devant le dattier, appuie le haut de son ventre au comptoir, il écarte les fesses, place le sexe du dattier dans la fente de son cul, courbe son dos ;

Pierre Guyotat, Éden, Éden, Éden, Paris, Gallimard, coll. « L’imaginaire », 1967, pp.58-59.

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