Verdure et Baignoire

L’ampoule éclaire la scène. Le policeman est immobile. Long silence. La pendule sonne trois coups. Silence. Un coup. Silence. Entrée de Baignoire et Verdure.

BAIGNOIRE : Le ruban fil de fer aime le parachute inouï dans son silence à ressort.

VERDURE : Dormir en chair ferme serait mon rêve mais je suis emporté au roulis de petits nuages téléphoniques capitonnés d’épures ingénieuses.

BAIGNOIRE : Riche parfum et gage de victoire le son des gaz lacrymogènes dans les manchons des fiancées inamovibles.

VERDURE : Erreur. Ce silence a le cœur amolli par la fuite dans des tuyaux obscurs où des académiciens tendent leurs casquettes à caducées aux aumônes des parapluies rouges. BAIGNOIRE : Ton ticket de métro.

VERDURE : Le mien et le tien et ta valise.

BAIGNOIRE : La tienne et la mienne et ta couverture.

VERDURE : La mienne et la tienne et nos deux billets.

BAIGNOIRE : À quoi bon renfermer les fauves derrière des grillages si minces. Les curieux géophages qui mettent l’horizon en bobines leur disent tous la même parole désobligeante qui les incite à rester sédentaires.

Robert Desnos, Nouvelles Hébrides, Paris, Gallimard, coll. « L’imaginaire », 2016, p.50.

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