Les bonbons
Bonbon était bonbon car il avait un goût de bonbon. L’odeur du bonbon. L’aspect du bonbon. Lui parler, c’était parler à un sucre d’orge, ou plutôt, à un de ces bonbons citriques, alliant par une chimie parfaite les goûts fruités du Schtroumpf et des fraises tagada avec l’intensité d’un bonbon piquant acide type tête brûlée ou fils bleus.
Bonbon… c’était un délice. Que tu sois écrivain, chanteur d’opéra, comptable ou dresseur de cirque, il savait tout. La feuille blanche ou le quatrain réussi, l’extinction de voix ou le vibrato tenu, les actifs ou les passifs, la patte en haut ou fais le beau, il l’avait lui-même vécu, il connaissait, il voyait bien… Bonbon, c’était pour ceux qui le croisait un shot de dopamine. C’était l’algorithme, le Chinois, sans l’impression douloureuse de se prendre un concombre dans le cul. C’était le Chinois ultime, la version ChatGPT4. Le Chinois c’était l’algorithme, il s’adaptait bien hein, mais tu sentais qu’il s’adaptait à un moment… le Bonbon lui, c’était ton bonbon préféré. C’était le boost, la canette de RedBull. Bonbon intello ? Pastille de vichy ? Coca acidulé ? Frite haribo, dragibus, carensac, banane, œufs au plat, c’était celui que tu préfères…
En tout cas, la chance ! C’est toi qui avais la meilleure vie, il adorait chatouiller ton palais en le disant, c’est toi qui avait la meilleure vie, c’est toi qui faisait le meilleur métier, le plus passionnant, le plus enrichissant… enfin presque… car lui, attention, c’était chiant hein, ça avait pas de sens, il était inutile contrairement à toi… il n’était rien hein…. enfin, il ne se plaignait pas, sa vie était géniale… le monde l’enviait hein attention il ne se plaignait pas, mais voilà, il cherchait autre chose lui, enfin il avait besoin de plus, fin c’est ce qu’il disait.
Les gourmands finirent par comprendre que Bonbon n’était pas le Bonbon mais les Bonbons. Il était le réglisse qu’aiment les curés, il était la couille de mammouth qu’aiment les coquins, il était le Hubba Bubba, ces rouleaux de chewing gum infinis qu’aiment les Auvergnats. Il était tout et n’était rien, tout à la fois. Enfin, si. Il était malin. Bonbon était en réalité le plus malin de sa tribu. Né d’un père Tofu et d’une mère galette de riz, il comprit assez tôt qu’il serait con et insipide. Con et insipide se dit-il ? Peut-être, c’est un destin de président. Je deviendrais bonbon et tout le monde m’aimera…