Ce pays à mille ruines

L’espace est dévoré de lierre et s’il est un lieu où l’on écrit encore, c’est bien ce pays à mille ruines et mille poussières. On y marche, en touche les pierres, les divinités anciennes. On regarde cette icône dans sa cage de bois, ses lèvres sont fatiguées, muettes ; épuisées par le même inusage que les deux ailes qu’elle porte de chaque côté. On ramasse alors une pierre, peut-être est-ce là le souvenir d’un temple, peut-être est-ce là l’espoir de voir les lèvres bouger, ou peut-être n’est-ce rien d’autre que la clavicule d’une maison, l’ombre sous laquelle les époux se sont aimés. Peut-être. On repose la pierre, on n’a rien à dire à l’indicible de l’enfant.

Extrait du chapitre « Miroirs », Poussière du chemin.

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