Éleuthéries I-V

I

Équinoxe au lent cérémonial, sacre du Temps dans son costume de funambule. Promesse de Méléagant, ce long silence opposé aux Dieux : la lune a franchi son dernier quartier, Richepin s’est envolé vers d’autres mystères, plus au Sud.

Et me revient, du fond des âges, cette irrépressible attirance pour les sommets lointains.

Concordance des temps : équinoxe et Sidi-Brahim.

II

Profondeur soudainement retrouvée, résonances des hautes alcôves, où dansent les faunes avec les walkyries.

Le silence semble un masque que marbre une sombre ironie. Des flots éruptifs, de bronze, de foudre et d’amour.

Dans la nuit rageuse, lorsque s’éveillent les oréades prédatrices, des cris de guerre lancés à l’aveuglette pour défier le monde.

III

Fragment d’une contingence en quête d’infini, qui rugit à s’en rompre les veines, à s’en déchirer le cou, qui sonne éperdument l’olifant.

Mais hauts sont les cols, profond l’écho du silence retombant sur le sang. Haute l’espérance, limpide et serein l’azur.

Un faucon darde son œil sur la fracture des rocs. Regard plus pénétrant que l’acier.

IV

Longues tentures étoilées dans la nuit ; mémoires ascendantes que les cerises éveillent sur des lèvres brûlées par le feu blanc et liquide.

Songes brumeux et indistincts prenant corps dans la danse des substantifs. Un souffle qui acquiert le charme du blizzard.

Renouvellement de l’âme aux bourgeons de la glace.

V

Feulements nocturnes, ombres cerisées, que vos iris enlacent, embrassent et grenats. Que le mot impuissant, s’élevant au Verbe, fasse contorsions et casse et vive.

D’ondes en syllabes, torrents et versants, vers sans âmes, lanternes qui se déversent. Vues multiples et changeantes, poème automorphe.

Bijection, fracture du prisme, réduction à l’image.

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