Éleuthéries XI-XV

XI

Reflets d’argent : lueur pulsée d’un phare d’estampes. Brumes de carbone, chimie de la présence et du souvenir : des morts par anticipation. Dans l’obscurité et la profondeur, semblent paisiblement voguer des passeurs antiques.

Le quark pour berceau, fulgurances physiques de la matière. Cinétique grandiose, paires et triptyques.

Collisions, ruades, couleurs triangulées : blancheur de l’hadron.

XII

Un rayon vert vint heurter la rive d’Orion. Vagabondages des âmes en de vastes steppes, d’edelweiss ou d’asphodèles. Merveilles impossibles d’une botanique transcendée.

Contemplation en ces amples courbes du souffle des Hydres. Qu’une lyre lointaine en rappelle les accords ardents. Annihilation des dragons au cœur des fourneaux..

Bal des ourses : infinis dansants que fréquentait Galilée.

XIII

Lors, ils parlèrent : brisure primitive, constitution des Figures. Architectes du sens, reptiles aux yeux perle, symbiose des circuits. Que retentisse le cor, dans le lointain du monde, pour rappeler du sommeil les amples poèmes que des temps anoblis – par le bronze et le sang – léguèrent.

Connaissance des perfections cachées : de l’intuition en poussière, écailles de papillon. De là vient l’invincible fragilité des absolus.

Incomplétude première, tout le reste édifié subtilement en vain.

XIV

Voir dans le couchant la primauté du silence. Brillances diffuses aux signes d’améthyste : se noient dans l’horizon ces indescriptibles lueurs des orages déchus. Et commence la valse des feux follets.

Résonne encore le chant des départs, déclamation des rêves. Suspendu aux lavandes, ce poème aux accents obscurs.

Nudité des absences, gravées dans le granit, pareilles à des runes.

XV

Secrète constellation, aux astres changeants. Éternel recommencement des choses : transmutation des connexions qui portent l’âme à hauteur des sommets. Esprit du Lynx qui s’incarne dans le songe.

Vieux chat, aux courbes sinueuses, que ta face salue les monts et que ta chasse soit féconde : en d’autres temps nous serons semblables.

Que ton pas soit souffle, fils de la neige.

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