Éleuthéries XVI-XX
XVI
Voyages effleurés à tes lèvres sang : horizon où cessent les évènements de ce monde. Fleurissent alors ces abîmes aux alchimies subtiles – Val sans Retour de la lumière où dansent hors du temps des particules effrénées.
Invisible disque qui marque les frontières de l’espace, quel chevalier te franchira et reviendra conter tes merveilles ?
Floraison du néant par l’effondrement de la matière.
XVII
Miracles des aimants, parures obstinées des glaciers. Dans le blanc des banquises, aux échos profonds, se dessinent des marbres fracturés. Leurs faces s’inclinent, figées dans un cercueil d’or et de quartz.
Cristaux en croissance dans l’enfer des mondes. Beauté des ionisations, absorption de l’optique.
Brisure des transparences : but ultime et premier du regard.
XVIII
Vœu des nuits blanches, incessamment répété. Esquisses qui rappellent les cerises de l’arbre au seuil de la mort : vies opposées à la cassure. Éternelle jeunesse que garde le Roi Blessé.
Triomphe de l’innocence : vouée à la mort pour accomplir sa quête.
Échos des anciennes chevauchées, qui jamais ne dépassent le cerclage de la coupe.
XIX
Long marcheur des éternités, qui de ses espérances a marqué son sarcophage. À la porte lointaine tu as donné pour gardiens des sphinx fidèles.
Cortège immense de tes chars remontant la Voie-qui-ne-mène-nulle-part ; chants grandioses dans les champs vaporeux du néant.
Mortel devenu dieu, paisible parmi les ombres : roi d’Amathonte.
XX
Seigneur des hautes chevauchées, corneilles aveugles et plumes assombries. De vos profondes brûlures le ciel fut marqué, signe des solstices. Alors au front du prophète s’éteignit l’astre.
Temps révolu des implorants et des éplorés : que surgissent en silence les félins conquérants.
Nuits républicaines, vous viendrez coucher sur nos visages la gloire en linceul.