Éleuthéries XXVI-XXX
XXVI
Motifs ressuscités des songes d’antan : d’étranges et inoubliables agonies portées en triomphe. Proue élevée éperonnant le Gulf Stream, étreinte ivre fondue en cataracte, magnétique obsession.
Profondes images comme des ondes de souvenir, d’élémentaires fragments de temporalités.
Origine des mondes – rayonnage de carton rouge liseré d’or.
XXVII
Étranges tirailleurs, aux trajectoires courbes. Sables vosgiens chargés d’infinis destins. Les vents se suivent et s’assemblent, portant de monts en vaux le lointain appel : … auprès de nous épaule contre épaule…
De ces marées continentales mariage des crètes se relèvent des mots maintes fois murmurés : … sur le champ de bataille…
Tous les sauront : … nous les avons aimés.
XXVIII
L’ombre d’Aragon de son chant merveille delphique. En traînées d’étoiles dessus la Seine, par le Pont-Neuf comme un frisson Paris s’égrène. Des Invalides s’allume mon rêve méandre brumeux jusqu’au Panthéon.
De l’Odéon aux Lavandières, la ville est un écrin de pierre sous le jais du café et l’ambre de la bière.
Comme un air de Nausicaa perdue en ses halos, cité étreinte de mes naufrages.
XXIX
En mon ciel j’ai vu vos nefs voiles déployées. Clairs sillages myrmidons aux âmes toujours aiguës : par les sentiers muletiers marqués de combats millénaires s’élèvent des lueurs hèrigénées. Charmes d’avenir aux reflets d’estampes flambées.
Extatiques rêveries qui semblent des vapeurs aux thermes du temps. L’univers crépite comme une écorce d’agrume.
L’aube à ses persiennes porte des atours d’amirales lasures.
XXX
Jusques au fond de l’âme un puits insondable. De mon désert à toutes volées des cloches et des cigognes. Lits asséchés de mes ruisseaux, les cimes verseront leurs flots entre vos rives rocailleuses.
Des vagues de lumières dérivent comme des ombres sur la plaine immense – cirrus emportés par le foehn, cheveux en mèches de glace de ces hauts lieux.
Lointaine cavalcade, échos des vies du temps passé. En ce solstice, le maelström des gypaètes : portail des renaissances.